Dzana Seme, opposant farouche au Régime: la Diaspora doit chasser Paul Biya du pouvoir
Diaspora Camerounaise: l'heure du choix décisif
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Au
moment où le régime de Paul Biya vient de signer par le sang sa
détermination de ne céder le pouvoir que sur les cendres du chaos
promis depuis 1992, l'intérêt supérieur du Cameroun nous invite à
décider. Au moment où nos enfants, petits frères et petites sœurs nous
ont clairement signifié que la seule voie pour libérer notre pays
commun des mains des antipatriotes gouvernants est l'insurrection
populaire, nous devons clairement décider entre la voie
insurrectionnelle choisie par notre Peuple et la solution du chaos
répressif et sécessionniste décidée par les " élites " au pouvoir.
Après l'échec cuisant de la solution de l'espérance du miracle des "
règles républicaines " occidentales quand au changement demandé par le
Peuple - les leaders des partis politiques qui se voulaient
l'équivalent de la démocratie étant aujourd'hui à la touche -, nos
théories occidentalistes ne sont elles pas à ranger à leur place la
plus appropriée, à savoir nos bibliothèques ? Car depuis février
dernier, le Peuple camerounais a déterminé la nature de son combat, et
demande à la Diaspora camerounaise une seule chose : choisir.
Par Ndzana Seme
03/18/2008
- En fin février dernier, nos enfants, petits frères et petites sœurs,
autant élèves qu'étudiants et chômeurs, dont le destin commun est
qu'ils sont nés au cours du règne de Paul Biya, sont nourris toute leur
vie durant uniquement des discours de la crise économique présentée
comme une fatalité, sont privés de tout espoir de bien-être et ne sont
voués qu'à la mort d'une façon ou d'une autre, sont descendus dans rues
dans un mouvement général et désespéré de désobéissance populaire.
En
bloquant l'activité économique du pays pendant quelques jours, la
jeunesse camerounaise a décidé instinctivement et collectivement que
seule l'insurrection populaire viendra à bout du régime gouvernant qui
les cloue dans la fatalité de la pauvreté et qui les terrorise depuis
le jour où ils ont eu la malchance de naître au mauvais moment de
l'histoire.
Notre jeunesse, tout en se faisant massacrer dans
les rues qui les ont vu naître, sur les pas de ses Ancêtres
anticolonialistes et nationalistes, nous a envoyé le message clair
selon lequel l'on ne vient pas à bout d'un régime despotique en
obéissant à ses ordres et à ses règles. Il faut plutôt désobéir
systématiquement en s'opposant par tous les moyens disponibles, y
compris et surtout par la violence, à toute décision ou volonté du
régime répressif et corrompu si l'on veut le renverser.
Contre l'insurrection populaire, la solution de la répression sanglante et sécessionniste de Paul Biya
Aux
revendications de ces jeunes, qui auraient tous pu être ses enfants et
arrières petits enfants et que tout Aîné africain respectable a pour
devoir de protéger, le vieux dictateur camerounais a répondu par son
ordre de tirer sans pitié. Et ses bourreaux ont tiré dans les foules,
tuant par dizaines, blessant par centaines, arrêtant par milliers,
distribuant arbitrairement de lourdes peines de prison lors des procès
expéditifs, et assassinant individuellement tous ceux qu'ils
soupçonnaient comme les meneurs. Et leur campagne d'épuration se
poursuit encore.
Ceux de nos officiers, tel le général Douala
Massango, qui ont refusé d'obéir aux mauvais ordres leur demandant de
massacrer les populations, contrairement à la mission de l'armée de
défendre le pays contre une agression armée souvent extérieure, ont été
sanctionnés en perdant leurs postes de commandement et probablement
bientôt leur propre vie.
Pour exprimer plus clairement la
position du régime de Paul Biya, ceux qui s'autoproclament " élites "
Beti du Mfoundi - le département qui héberge les institutions du
Cameroun - ont déclaré sans hésitation qu'ils sont sur pied de guerre,
prêts à adopter la solution sécessionniste que seuls certains
compatriotes anglophones défendaient jusqu'ici, si jamais les "
allogènes " et autre " prédateurs venus d'ailleurs " paralysent encore
leur ville de Yaoundé par des manifestations contre leur régime.
L'un
des signataires de la déclaration tribaliste annonçant clairement la
fin de la Nation camerounaise, le ministre de la santé Mama Fouda
André, reste toujours en poste malgré une telle position
antipatriotique clairement exprimée. En maintenant Mama Fouda dans son
gouvernement, Paul Biya a persisté et signé qu'il est prêt à faire
éclater la Nation camerounaise par le biais d'une guerre civile et la
sécession du pays Beti s'il était enlevé du pouvoir.
La Diaspora peut-elle sauver la Nation camerounaise ?
Comme
on le voit, lorsque la jeunesse camerounaise ose demander le changement
de gouvernement qui mettrait fin à sa souffrance, le pouvoir de Paul
Biya répond par la répression sanglante et la menace de mener le
Cameroun dans la guerre civile et la sécession du pays Beti - même
comme il faut se demander quel " pays " exactement, tant il y a les
Ewondo, les Eton, les Bulu, les Nnanga, les Maka, etc., dont
l'expression de l'accord sur un tel projet reste fort questionnable.
Une menace de sécession qui vient s'ajouter à celle que réclament
depuis quelques années certains intellectuels occidentalistes
anglophones.
Pourtant, ce que nous avons en commun et qui nous
unit dans la Diaspora, c'est le Cameroun, c'est la Nation camerounaise.
Paul Biya nous dit aujourd'hui que sans lui cette Nation, ce Cameroun
berceau de nos Ancêtres, volera tout simplement en éclats.
Nous
ne pouvons plus nous appuyer sur les fameux leaders des partis
politiques, que notre jeunesse combattante vient de nous montrer comme
autant de traîtres. Traîtres à juste titre parce que, incapables pour
beaucoup de freiner leurs appels du ventre et leurs ambitions de prise
du pouvoir dans la facilité et la vente des promesses illusoires, ont
cautionné les élections gagnées d'avance de Paul Biya et lui permettent
aujourd'hui de se réclamer d'une fausse légitimité populaire.
Nous
ne pouvons plus prescrire, fidèles que nous sommes aux écoles
occidentales nous ayant enfoncé dans la tête que la république est la
seule forme de gouvernement acceptable, la solution électorale
pluraliste comme seule voie pour l'alternance au pouvoir, parce qu'une
telle solution a échoué devant la mauvaise foi de ceux qui ont l'art de
la manipulation des règles républicaines.
Souvenons-nous de
l'expérience vécue lorsque nous sommes arrivés pour la première fois en
terre d'exil. Pour ceux qui ont atterri en Occident comme moi, non pas
dans une famille camerounaise mais plutôt dans une localité inconnue,
souvenons nous du sentiment de solitude dans un milieu où les gens vous
regardent comme un extraterrestre parce que, comme un enfant vous devez
apprendre à vous insérer dans une société régie par leurs manières de
voir et de faire.
Souvenons-nous comment nous nous sentions
soulagés lorsque nous rencontrions le premier Africain. Souvenons-nous
alors comment nous nous sentions comblés lorsque nous rencontrions le
premier Camerounais, lorsque nous mangions ensemble le ndolé, le achu
ou le nnam ngouan. Dans tous les cas dans l'association Cameroonian
Community of Connecticut, j'avais observé et partagé une telle joie
intense à plusieurs occasions. Je suis certain que chacun d'entre nous
en a goûté.
A l'étranger, le véritable bonheur se trouve
derrière nous, au Cameroun où nous l'avons laissé, alors qu'ici nous ne
nous battons que pour pouvoir survivre sur une société qui nous est
généralement hostile tellement elle ne cesse de nous regarder comme
autant d'extraterrestres, même quand nous adoptons l'assimilation
qu'elle nous impose comme condition d'acceptation.
Passer de la logique des divisions à celle de l'union dans la lutte pour la Nation
Malgré
un tel fort sentiment nationaliste, il est sidérant d'observer à
l'étranger des Camerounais qui se renferment encore dans le tribalisme,
que le régime Biya utilise justement comme spectre pour la domination
de notre Peuple.
Pourquoi devons-nous nous montrer aussi
ignorants pour céder aux sirènes racistes occidentales qui affirment
depuis la colonisation que les Africains ne sont que palabres et
conflits tribalistes, que leurs gouvernants suppôts se chargent
régulièrement de fomenter pour se donner raison et dominer nos peuples
par la terreur ? Tout tribaliste camerounais est en fait un ignorant
qui sert, souvent sans le réaliser, les intérêts du régime néocolonial
aujourd'hui incarné par Paul Biya.
L'autre virus qui détruit le
nationalisme camerounais à l'étranger, ce sont les querelles de
leadership. Reflet ahurissant du système néocolonial qui alloue à qui
il veut le statut d'élite ouvrant les juteuses portes politiques, les
associations des Camerounais donnent lieu à des conflits de leadership
qui sapent depuis des années la volonté générale exprimée d'aider les
populations de notre pays. Ils faut bien sûr reconnaître que, comme au
pays, le régime dictatorial infiltre toutes nos associations par des
indics corrompus, que l'on reconnaît souvent par leurs critiques
acerbes toutes les fois qu'une stratégie commune est arrêtée contre le
régime Biya, en la torpillant sous des apparences d'intellectualisme.
En
levant les obstacles du tribalisme, en mettant de côté les conflits de
leadership dans nos associations, et en décidant d'aller à l'école de
nos jeunes héros qui nous ont montré il y a quelques semaines que le
Peuple peut avancer même en l'absence des leaders, la Diaspora
camerounaise reste en ce moment précis de l'histoire avec un seul choix
: suivre notre Peuple, ou alors ne pas le suivre en l'affrontant.
S'il
faut suivre notre Peuple, il faudra alors que la Diaspora camerounaise
organise sa contribution dans la lutte patriotique nationale, qui peut
revêtir différentes formes, dont la plus facile est financière. Sous
une seule contrainte: maintenant.
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