Togo: Faure veut profaner la mémoire de Sylvanus Olympio!Refusons le blasphème!
La
dernière chose qu’un peuple puisse accepter de perdre est l’honneur.
Dans la longue liste que l’on peut consacrer à ce mot, il existe la
fierté de compter des hommes de qualité ou d’en avoir eu au sein de
l’histoire de son peuple. Dans le parcours de l’appendice colonial que
demeure le Togo, Sylvanus Olympio figure en bonne position. Patriote et
humaniste, ce grand homme a fortement contribué à l’érection d’un
esprit indépendantiste et panafricaniste au Togo. Froidement assassiné
le 13 janvier 1963 par la France et son allié américain à travers les
seconds couteaux, dont Eyadema Gnassingbe, la dépouille de Sylvanus
Olympio repose aujourd’hui à Agoué, en territoire béninois.
Malgré
que le repos du corps du combattant de la liberté n’ait pas été
autorisé à reposer sur la terre pour laquelle il a été tué, malgré la
profanation systématique de sa mémoire de la part de ses bourreaux,
ainsi que la suppression de son nom des manuels d’histoire du Togo
depuis une cinquantaine d’années, son âme et ses idées restent encore
présentes dans tous les esprits. Depuis quelques années, plusieurs voix
se sont élevées pour demander le rapatriement de la dépouille de
l’homme, ainsi que l’organisation de funérailles dignes de son rang.
Aujourd’hui, Faure Gnassingbe – en quête d’un sujet véritablement
populaire - semble avoir perçu cet écho et tente de s’accaparer la
mémoire du martyr à des fins plus politico-médiatiques et
électoralistes que sincères. Dans ce qu’il a appelé les « vœux à la
Nation », il annonçait que son régime allait «se mettre en
relation avec la famille, et prendre les dispositions nécessaires pour
le retour au Togo des restes du président Sylvanus Olympio, premier
président du Togo, afin que la Nation lui rende les honneurs dus à son
rang »
Pourquoi subitement une telle bonté de la
part d’un fils-à-papa imposé à la tête du Togo ? Conscient de n’avoir
jamais reçu l’onction populaire et de n’avoir pas non plus réussi à
gagner la sympathie des Togolais sinistrés, Faure Gnassingbe cherche
l’action grandiose. Un acte qui puisse, espère-t-il, lui servir de
caution dans un futur proche.
En vérité, cette opération est
une récupération démagogique et malsaine qui s’inscrit dans un vaste
plan de communication pour justifier la fraude électorale en
préparation. A la veille de ce nouveau hold-up, orchestré par les
cellules françafricaines et avec le soutien de la Chine, la stratégie
consiste à justifier une bénédiction populaire par tous les moyens.
Conscient du souhait émis de façon unanime par le peuple togolais, de
voir les restes de leur digne fils revenir au pays, les services de
communication ont recommandé à leur pupille d’abonder dans ce sens.
Ainsi, lorsqu’il aura annoncé ce projet, il aura le profil d’un
rassembleur, d’un homme au diapason du peuple et d’un dirigeant
réconciliateur. Il vendra donc cette image aussi bien à l’intérieur
qu’à l’international.
Mais ce coup-là ne doit pas passer. Et
cela doit être clair, ferme et définitif. Parce qu’il est inacceptable
qu’un homme de la trempe de Sylvanus Olympio puisse être récupéré par
Faure Gnassingbe, anti-modèle par excellence et incarnation de tout ce
contre quoi Olympio s’est battu jusqu’à la mort. Cette opposition, nous
devons la construire de façon systématique car, le but de la manœuvre
n’est pas de réhabiliter le panafricaniste, mais bien de le souiller et
de lui faire jouer un rôle qui n’est pas le sien : la couverture d’une
victoire volée et une fois encore le viol d’un peuple.
Faure
Gnassingbe, qui tente visiblement de capter l’aura du personnage pour
savourer une victoire qu’il n’aura jamais remporté en réalité, n’est
pas digne de s’approcher de Sylvanus Olympio. Lui qui n’est pas
l’émanation du peuple, a massacré des centaines de personnes à son
accession au pouvoir en 2005, et en a envoyé des dizaines de milliers
d’autres en exil. Il est la continuation du colonialisme qui a liquidé
Sylvanus Olympio et son projet d’émancipation du Togo. Ce
pseudo-hommage, du vice à la vertu, n’est ni plus ni moins qu’une
provocation supplémentaire. Les restes de Sylvanus Olympio sont l’une
des rares richesses qui n’aient pas encore été extorquées à ce peuple.
Il faut donc les préserver.
S’il est exact de dire que Faure
Gnassingbe n’est que le fils d’un des exécuteurs d’Olympio, et que par
conséquent nul ne peut lui imputer la responsabilité des actes de son
feu-père, il n’en demeure pas moins juste d’affirmer que le fils avance
jusqu’ici dans les traces de son géniteur, à qui il doit d’ailleurs ce
qu’il est aujourd’hui. De surcroît, Faure Gnassingbe et sa bande de
ménestrels continuent en toute tranquillité de célébrer avec faste le
13 janvier, date anniversaire de l’assassinat de Olympio, qui fut
instaurée et imposée par Eyadema Gnassingbe comme une « libération
nationale ». Cette même logique d’intervertir les bornes de l’Histoire,
et de brouiller volontairement les évènements, se retrouve aujourd’hui
chez le successeur de « papa Eyadema », qui avait décidé cyniquement de
faire resurgir la date du 27 avril longtemps bannie, comme « jour de
l’Indépendance ». En donnant le sentiment de s’inscrire dans la «
convention collective » du 27 avril, Faure Gnassingbe fait d’une pierre
deux coups. Il célèbre par la même occasion et discrètement sa propre
arrivée au pouvoir par le biais d’un sanglant braquage électoral.
Alors
que sa présence au pouvoir est justement le symbole-même de la
non-indépendance du territoire togolais, et de son ancrage dans les
méandres de l’a-souveraineté la plus humiliante, Faure Gnassingbe
pousse le mépris à son paroxysme pour actuellement travailler à la
célébration de ce qu’il nomme « le jubilé d’or » en avril prochain, se
persuadant qu’il aura été le vainqueur du sinistre attrape-nigauds de
février 2010.
Les Togolais n’ont plus rien. Tout leur a été
volé et confisqué. Tout a été souillé. La seule chose qui leur reste de
la période de la lutte pour l’indépendance, c’est la dépouille de
Sylvanus Olympio. Et elle doit rester intouchable. Surtout, elle ne
doit pas être instrumentalisée par un régime sans scrupules qui incarne
le prolongement de tout ce qu’a combattu ce vaillant homme, dont la
valeur inspire aujourd’hui beaucoup de jeunes, à qui pourtant il a été
dissimulé depuis bientôt 50 ans. D’ailleurs, Sylvanus Olympio,
n’appartient plus uniquement ni à la famille Olympio, ni aux Togolais.
Il fait bel et bien partie du patrimoine collectif africain, que les
héritiers consciencieux des grands hommes africains assassinés
cherchent aujourd’hui à reconstituer, alors qu’il a subi d’énormes
dégâts depuis des siècles de domination, y compris de la part de la
nouvelle génération de régisseurs coloniaux dont fait partie Faure
Gnassingbe. Tous les africains éveillés doivent en toute logique se
sentir concernés par cette récupération malsaine en annoncée au Togo.
Sinon, il s’agirait d’une incapacité collective à identifier ce qui est
de notre patrimoine commun, qu’un tyran assassin à l’instar de Mobutu
ait pu anéantir Lumumba avant de se permettre de l’humilier davantage
en l’élevant au rang de Héros National. La même incapacité n’a-t-elle
pas joué à propos de Félix Moumié dont dépouille été volée en 2004 en
Guinée sous les ordres de Mvondo Paul Biya et de Pierre Mesmer dans une
indifférence absolue ?
Encore une fois, Faure Gnassingbe en
compagnie de ce qu’il appelle son « gouvernement », n’est pas du tout
qualifié en ce qui concerne la réhabilitation de l’ancien président. Il
est même disqualifié d’office quant à l’organisation de cette œuvre
d’une très haute portée historique. En outre, à travers l’idéal
panafricain qui était le sien, la terre béninoise est aussi la terre de
Sylvanus Olympio. Il peut dormir là en attendant que triomphe la lutte
pour laquelle il est tombé. Et une fois la véritable indépendance du
Togo concrétisée par un minimum de réalisations - un gouvernement issu
du choix populaire, l’éjection du franc CFA, l’endiguement du pouvoir
de nuisance français au Togo et un début de satisfaction des besoins
primaires du peuple togolais à travers d’une agriculture modernisée
comme moteur de base - eh bien, à ce moment-là seulement, on pourra
rapatrier la dépouille de Sylvanus Olympio et lui offrir les honneurs
dus à son statut avec le soutien de tous ceux qui travaillent pour
l’avènement d’une Afrique unie, affranchie et répondant aux vrais
besoins de ses enfants. A ce moment-là aussi, il sera enseigné dans les
écoles, son nom sera gravé sur le fronton de certaines infrastructures
(écoles, universités, aéroports, rues, stades, etc.), des monuments
seront érigés en sa mémoire, ces discours seront vulgarisés au travers
des médias publics, et les témoins de son époque pourront enfin avoir
la parole et raconter ce qu’a été le mouvement vers l’indépendance
interrompu dans la violence le 13 janvier 1963.
Cette époque
fera ressortir des noms que le colonialisme et ses adeptes locaux ont
enfouis. Ces héros de la nuit vont ressurgir, et leurs noms seront
apposés aux rues et autres avenues et boulevards, qui jusqu’ici ne font
que l’apologie de ceux qui en réalité ont tué la volonté d’éclosion de
notre peuple. Un peuple qui a été réduit en hommes et femmes éclopés,
privé depuis lors de son histoire, la dénaturant tout en lui cachant la
vraie version.
Laisser Olympio aux bons soins des bras locaux
du néocolonialisme, c’est accepter d’être complice de son second
assassinat. En participant ainsi à son injure, nous verrions la perte
définitive du peu de l’honneur qui nous reste.
.
Par Rodrigue KPOGLI
J.U.D.A
Jeunesse Unie pour la Démocratie en Afrique
Website: http://lajuda.blogspot.com
E-mail: lajuda2000@hotmail.com
...Une autre Jeunesse au service d'une Afrique Nouvelle...