Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
Archives
22 mars 2008

La Jeunesse Camerounaise à travers le CPPJ appelle à l'alternance au pouvoir en 2011

DECLARATION SANCTIONNANT LES ASSISES NATIONALES DE LA JEUNESSE POUR LA CONSTRUCTION DE L’AVENIR TENUES A L’INITIATIVE DU CONSEIL PATRIOTIQUE ET POPULAIRE DE LA JEUNESSE

DU 15 AU 16 MARS 2008 A YAOUNDE.

A l’initiative du Conseil Patriotique et Populaire de la Jeunesse, les Premières assises nationales de la jeunesse Camerounaise se sont tenues à Yaoundé du 15 au 16 mars 2008, dans les locaux du Service œcuménique pour la Paix. Ces assises ont réuni des leaders de la jeunesse de différentes sensibilités politiques et sociales, venus des dix provinces du Cameroun, invités à se concerter et à se prononcer, dans un élan patriotique et une totale indépendance d’esprit, sur la situation sociopolitique du Cameroun et singulièrement celle des jeunes à la suite des émeutes et incidents tragiques qui ont secoué le Cameroun dans la semaine du 25 au 29 février 2008.

A l’issue de ces assises nationales, la Déclaration suivante a été adoptée :

Considérant les décisions, positions et actions formulées par le Gouvernement à la suite des manifestations populaires du mois de février ;

Prenant acte des opinions et analyses exprimées par les forces politiques et les différents acteurs économiques et sociaux ;

Rappelant au souvenir de l’opinion nationale et internationale la pertinence des termes de la déclaration des leaders jeunes réunis à Douala le 17 février dernier, soit une semaine avant le début des émeutes ;

Les jeunes réunis à Yaoundé dans le cadre des premières assises nationales de la Jeunesse formulent les observations et recommandations suivantes :

A l’attention du Chef de l’Etat et du Gouvernement,

Les jeunes,

§ Apprécient le fait que le Chef de l’Etat, lors de son intervention en Conseil des Ministres du 07 Mars 2008, ait reconnu que les émeutes de Février ont prospéré en raison de graves déficits de l’action gouvernementale en terme de réponses diligentes et efficaces aux revendications légitimes de la population et en l’occurrence des jeunes, frappés par les affres de la pauvreté de masse.

§ Indiquent que cette reconnaissance doit s’accompagner de sanctions visant ceux des responsables dont les manquements ont entraîné le pourrissement du climat social.

§ Invitent le chef de l’Etat - après avoir ainsi reconnu l’essoufflement d’une élite politique qui s’est montrée incapable de relever substantiellement le niveau de vie des populations - à tirer les conséquences de cet échec qui s’inscrit dans la longue durée et à créer, pour 2011, les conditions d’une alternance qui permettrait le rajeunissement de la classe dirigeante par le respect de l’article 6.2 de la constitution du 18 janvier 1996. 

S’agissant des émeutes en question

Les Jeunes,

§ Constatent que les manifestations ont dérivé en violences dans certaines régions (à l’exemple de Bafoussam et Douala), en raison de l’usage inapproprié, abusif et aveugle de la violence par les forces de l’ordre qui ont usé de balles réelles pour réprimer des manifestations pacifiques. Les Jeunes condamnent par conséquent cet usage disproportionné et scandaleux de la violence d’Etat, mobilisée contre des civils désarmés émeutiers, mais citoyens malgré tout. Ils s’étonnent en outre que la gestion des émeutes urbaines aient pris les allures d’une guerre contre le peuple, au vue de tous les corps de la police, de la gendarmerie, et de l’armée (corps d’élites compris) mobilisés contre les populations, de l’artillerie lourde (canons et chars d’assaut) aperçue dans certaines rues de Yaoundé en cette circonstance, et surtout au vue de la centaine de vies humaines supprimées à travers le pays du fait des tirs sans sommation des forces armées et de l’usage des balles réelles contre les manifestants.

§ Déplorent les actes spontanés de pillage et de destruction des biens enregistrés lors de ces émeutes, tout en notant que de nombreux exemples dans le monde montrent que de tels débordements, loin d’être une particularité camerounaise sont inhérents à ce type de soulèvement populaire spontané.

§ Dénoncent les conditions de détention, les mauvais traitements et les actes de torture infligés aux milliers de jeunes prévenus, ainsi que la diabolisalisation et la stigmatisation faciles des émeutiers qui ne rendent pas compte de la complexité du problème et ne contribuent pas à la compréhension des causes du mal.

§ Dénoncent tout autant la caporalisation du pouvoir judiciaire par l’Exécutif ; avec pour conséquences des procès expéditifs et commandés, la violation préméditée des droits de la défense, les multiples abus des juges manifestement aux ordres, les pressions sur le Barreau aux fins d’empêcher l’exercice équitable de la justice et la violation scandaleuse du Code de procédure pénale.

§ Par ailleurs, les jeunes ont du mal à comprendre que le bas peuple et les émeutiers de la faim, victimes de la mal gouvernance en vigueur, soient livrés à la mort ou à la prison sans jugement pour avoir exprimé leur ras-le-bol, alors même que le pillage de la fortune publique, infiniment plus dévastateur et perpétré depuis des décennies par des criminels à col blanc souvent dissimulés dans le Gouvernement ou au Parlement, reste globalement impuni, bénéficiant au contraire de la complaisance hypocrite des autorités publiques.

§ Remarquent que, à situation de crise comparable au Burkina Faso pendant la même période, il y’a eu deux cents interpellations et à peine vingt neuf (29) condamnations.

§ Dénoncent les nombreuses atteintes à la liberté de presse qui ont culminées dans la fermeture de la Radio Magic FM, d’Equinoxe Radio et télévision, dans un climat général de terreur, de recul des libertés civiles et politiques.

Les jeunes,

§ Saluent l’action généreuse et spontanée de nombreux avocats, émus par le sort désespéré de nombreux jeunes prévenus, qui se sont spontanément mobilisés pour défendre le bon droit et la Justice, malgré les pressions.

§ Appellent le Barreau à donner la pleine mesure de ses missions et moyens, et à faire montre d’un engagement franc dans la défense des libertés, autant qu’il a su le faire à d’autres époques, en prenant solennellement et résolument le parti de défendre les principes sans lesquels une Justice et une démocratie ne peuvent être authentiques.

§ Déplorent par ailleurs la timidité de la Communauté Internationale dont la voix atone a manqué d’exprimer avec fermeté son indignation alors que les populations subissaient les violences de l’armée et alors que la tension montait – du fait du projet de suppression de l’article 6.2 de la constitution notamment.

Les jeunes réaffirment qu’ils ne sont l’otage de personne. Ils ont certes été trop longtemps otages de la peur d’exprimer leur désaccord et leur refus de la misère, de l’oppression de besoins primaires jamais assouvis et de toutes les tutelles aliénantes qu’entretient une élite toujours en retard sur les exigences sociales et politiques de l’heure. Si les jeunes ont été « manipulés », c’est bien par la faim, la misère et le refus d’une société bloquée et contre laquelle ils s’insurgent pour exprimer leur droit à l’espoir et à un avenir meilleur. Ignorer ce fait ou feindre de l’ignorer serait pratiquer la politique de l’autruche, c'est-à-dire continuer une politique de l’irresponsabilité qui procède par l’esquive, la duplicité, les faux fuyants qui, si on n’y prend garde, acculeraient la société à ne plus envisager que l’entreprise insurrectionnelle comme seule voie du changement.

Les Assises nationales de la Jeunesse pour la Construction de l’Avenir rappellent qu’il importe pour le Gouvernement de faire preuve d’un grand sens de responsabilité dans la communication développée à propos des évènements en cause. Il est particulièrement affligeant d’entendre les membres du gouvernement, ainsi que le chef de l’Etat, reprendre des grilles d’analyse passe-partout, à la mode à l’époque du parti unique - telles « la manipulation » et les comploteurs imaginaires de l’ombre - pour expliquer les manifestations et les débordements qui s’en sont suivis. Les pouvoirs publics démontrent ainsi qu’ils peinent à sortir de la logique pré-moderne selon laquelle la voix des jeunes ne peut être authentique que lorsqu’elle s’élève pour acquiescer ou faire allégeance aux « aînés » sociaux. La paranoïa sécuritaire est telle que tout cri de douleur et toute expression du mal être ambiant sont interprétés comme de véritables atteintes à la sécurité l’Etat.

Le Gouvernement devrait par ailleurs tirer l’autre grande leçon de cette crise qui est que le peuple, dans son écrasante majorité, considère que la suppression de l’article 6.2 de la constitution constituerait une hypothèque sur l’avenir de la République et de la paix dans notre pays, dans un contexte où la classe et l’offre politiques ont échoué à entretenir l’orgueil et le rêve patriotiques.

En définitive,

Le Conseil Patriotique et Populaire de la Jeunesse s’incline devant la mémoire de tous les citoyens lâchement assassinés par les forces armées pendant ces émeutes de la faim et adresse ses condoléances aux familles éprouvées.

Le Conseil constate que les émeutes de février dernier ont aussi révélé un relatif déficit d’éducation politique chez les jeunes et une absence d’organisation de masse de la jeunesse camerounaise en tant que catégorie et entité sociale et politique ; déficit dû surtout à la clôture du champ du politique par la classe gouvernante et la confiscation de l’initiative politique par les mouvements partisans.

C’est la raison pour laquelle le Conseil Patriotique et Populaire de la Jeunesse juge urgent de s’investir dans la sensibilisation de masse, l’organisation et la fédération de la jeunesse militante et patriotique du pays, afin de mettre fin à la dépolitisation généralisée et à l’attentisme. L’objectif est de permettre à la jeunesse camerounaise de mieux se faire entendre désormais, avec efficience et civisme, sur les sujets qui engagent l’avenir de notre pays.

Considérant que la peur et la terreur, consécutives aux multiples exactions et bavures des forces de l’ordre, visent surtout à maintenir la jeunesse dans la peur, la résignation et le défaitisme, le Conseil Patriotique et Populaire de la Jeunesse annonce en outre qu’il ne ménagera aucun effort et ne fera l’économie d’aucun moyen de droit pour obtenir la libération des centaines de jeunes citoyens abusivement incarcérés - certains pour s’être opposés au projet anti-patriotique de modification de la constitution. Ce qui est notamment le cas des cinq étudiants arrêtés à Buéa et de deux anciens leaders etudiants, David ABIA et NGOYE Karl, membres du Conseil Patriotique et Populaire de la Jeunesse, ou encore l’artiste Joe De Vinci KAMENI, dit Joe La Conscience, kidnappé à l’aube du samedi 1er mars, devant l’ambassade des Etats-Unis où il observait une grève de la faim contre la modification de la constitution, par une patrouille de la gendarmerie nationale, et actuellement détenu à la prison centrale de Yaoundé. 

Les jeunes s’engagent enfin à œuvrer pour la création des conditions d’une paix durable et de la Justice. Les jeunes continueront à s’organiser, dans les quartiers, les campus, les différents lieux de travail, à travers le cadre de mobilisation non partisan constitué par le CPPJ, pour s’opposer, en usant de tous les moyens de résistance non violente, à toutes les forces qui travaillent à compromettre les libertés, l’alternance politique et d´autres acquis démocratiques.

                                                                                                  Fait à Yaoundé le 16 mars 2008.


Pour les organisations et les délégations provinciales présentes : Adamaoua : ADDEC. Centre : SURCI, ADDEC, FCJ, SOS Jeunesse Libre, CECODEV. Est : FCJ. Extème-Nord : Renaissance des Jeunes, Association des Jeunes solidaires de Zokok. Littoral : APBGPP, ADDEC, UNECA, UNEP, Association des Ben Skinneurs de Douala. Nord : P.A.V., Association des Filles courageuses, Association des Frères Combattants. Ouest : FIDEPE, Sud-Ouest : UBSU.

 

 

 

Publicité
Commentaires
Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
  • Le Umnyobisme est une idéologie de libération pour le Cameroun et l'Afrique et qui tire ses fondements dans les résistances historiques des peuples africains contre l'impérialisme et le colonialisme.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité