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Le site du Conseil National pour la Résistance - Mouvement Umnyobiste (CNR - MUN)
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25 mai 2010

Cinquantenaire de l'Indépendance : On ne joue pas avec la mémoire d'une nation

La nature de l'Etat du Cameroun, aujourd'hui essentiellement policier, répressif, clientéliste et corrompu tire sa base et ses fondations de cette période et de la manière dont le Cameroun a acquis son indépendance.

Le Cameroun célèbre cette année le cinquantenaire de son indépendance, à l'instar de la plupart des pays d'Afrique noire francophone. A la différence de ceux-ci cependant, l'indépendance du Cameroun a été précédée par la constitution d'un mouvement nationaliste qui a donné lieu à une guerre de libération nationale, conduite et animée par des hommes et des femmes courageux, patriotes, ayant rejeté la corruption et la soumission. La gestion de l'indépendance ayant été confiée par la France à ceux qui s'étaient opposés à l'idée même de l'indépendance, et qui avaient fait le choix de la collaboration avec elle - Ahmadou Ahidjo et ses amis notamment - ceux-ci se sont acharnés à anéantir le nationalisme camerounais et qui plus est, à ensevelir cette période de notre histoire dans l'oubli.

Résultat : en dehors de quelques survivants et des descendants des morts, et en dépit de nombreux écrits sur ladite période, celle-ci reste encore peu connue des camerounais et surtout de la jeunesse. D'où des manipulations et des falsifications diverses où l'on faisait passer hier des nationalistes pour des terroristes, et aujourd'hui tantôt pour des idéalistes, tantôt pour des radicaux, malgré la reconnaissance du bout des lèvres par le Président de la République du rôle que ceux-ci ont joué dans l'acquisition de l'indépendance du Cameroun. Au même moment, ceux qui ont collaboré avec l'occupant français (des collabos comme on appelle en France ceux qui ont collaboré avec l'occupant allemand) sont présentés comme des réalistes, certains d'entre eux méritant même de figurer au panthéon de la nation.

Or, il est évident et constant que la nature de l'Etat du Cameroun, aujourd'hui essentiellement policier, répressif, clientéliste et corrompu tire sa base et ses fondations de cette période et de la manière dont le Cameroun a acquis son indépendance. Il est aussi évident que le déficit de légitimité qui caractérise les deux régimes qui ont jusqu'ici gouverné le Cameroun n'a jamais été comblé et date de cette période. Que l'absence de repères auquel est confronté le peuple camerounais et en particulier sa jeunesse, procède essentiellement de l'investissement d'Ahmadou Ahidjo à liquider le nationalisme camerounais et à masquer le combat héroïque de ceux qui l'ont incarné. On peut dès lors aisément comprendre la trop grande importance de restituer notre mémoire, toute notre mémoire et de la ramener à la surface, assise sur la vérité historique, et constituant le point de départ de l'établissement d'un processus de reconnaissance et de célébration de nos héros, de réconciliation nationale, et en fin de compte de refondation politique et morale du Cameroun.

La place de la mémoire dans la formation de la nation
Comme l'histoire de laquelle elle provient, la mémoire permet à la nation de tirer les ressources du passé pour refonder son avenir. La nation se forge et se construit autour des valeurs que cette mémoire a contribué à faire émerger et à rayonner. Par principe, la nation ne peut donc raisonnablement se construire sans son histoire et sa mémoire. Il est donc essentiel de la rappeler en permanence à travers l'écrit ou même l'oralité, les chants, les arts, le théâtre, le cinéma, la musique, la peinture, les commémorations etc. Cependant, la mémoire ne saurait être sélective, elle est constitutive d'éléments positifs et négatifs. Elle se sert du positif pour révéler des repères desquels les générations futures et notamment la jeunesse s'inspirera. Elle s'appuie sur le négatif pour le stigmatiser et éviter qu'il ne se reproduise à nouveau. Par exemple, la mémoire de la deuxième guerre mondiale ne peut être traitée de la même manière en France qu'en Allemagne.

En France, la mémoire rappelle le courage des hommes qui ont refusé la soumission et qui ont choisi la résistance face à l'occupant allemand. Ceux qui ont incarné ce choix - le Général De Gaule, Jean Moulin et tous les maquisards français - sont célébrés, les rues, les écoles, les lycées, les universités les aéroports, les navires de guerre portent leurs noms. A contrario, ceux qui ont choisi la collaboration avec l'occupant, la défaite et la soumission, et le confort que cette dernière offrait, ont été stigmatisés, parfois emprisonnés, parfois condamnés. Ils se sont mis du mauvais côté de la mémoire. En dépit du fait qu'ils ont dirigé l'Etat français de 1940 à 1945, le Maréchal Pétain et tous les vichystes ont symbolisé la honte, la lâcheté et l'ignominie. Ils ne peuvent donc être mis à la même enseigne que le Général De Gaule et ses compagnons.
En Allemagne, le nouvel Etat s'est servi après la deuxième guerre mondiale de la défaite du troisième Reich pour construire une nouvelle Allemagne, démocratique et pacifique qui a tourné le dos aux valeurs du Nazisme et a opéré la réconciliation avec la France et l'Angleterre.

Le cas  du Cameroun
La deuxième guerre mondiale à peine terminée, au cour de laquelle beaucoup de camerounais ont participé à la libération de la France, quelques patriotes se lèvent pour créer un parti politique ayant pour but d'obtenir l'indépendance et la réunification du Cameroun sous tutelle de la France et de Royaume Uni. Ainsi crée, l'Union des Populations du Cameroun (UPC) se structure rapidement et s'étend sur l'ensemble du territoire national. L'un de ses leaders Ruben Um Nyobè porte même cette revendication à deux reprises aux Nations Unis.
Comme il fallait s'y attendre, la France du côté oriental, instrumentalise d'autres camerounais pour porter à la même institution des contre-revendications en sa faveur et contre l'indépendance du Cameroun et disqualifier l'UPC. La France oppose aussi à une revendication pacifique, une violence brutale qui aboutit aux émeutes et aux tueries de 1955 et à l'interdiction de l'UPC. Contraint malgré tout de continuer la lutte, Um Nyobè et ses compagnons se réfugient dans le maquis en pays bassa.
La France choisi alors la manière forte pour écraser le mouvement nationaliste : les villages entiers sont rasés et brûlés, les regroupements de force des villageois sur les principaux axes routiers sont opérés, les champs agricoles sont détruits, des milliers de personnes sont assassinés. Plusieurs fois, du maquis, Um Nyobè propose à la France des négociations pour sortir de la crise. Comme réponse, la France oppose plus de violence et des tentatives de corruption, demandant à Um Nyobè d'abandonner la lutte et de rallier la cause colonialiste. Cette violence aboutit à l'assassinat d'Um Nyobè le 13 Septembre 1958.

Surprise par la résistance des " nègres " camerounais, la France, récemment vaincue en Indochine, empêtrée dans une guerre de même nature en Algérie, décide d'accorder l'indépendance à ses anciennes colonies à commencer par le Cameroun qui est le seul pays en Afrique noire à organiser un mouvement de libération nationale. Mais au Cameroun, l'indépendance est vidée de son sens et de son contenu.
En effet, contre la promesse d'être le premier président du Cameroun indépendant, Ahmadou Ahidjo accepte de signer les accords secrets de Décembre 1958. Ces accords font du Cameroun un pays formellement indépendant, membre des Nations Unies, mais les grandes orientations stratégiques sont prises à Paris, et le nouveau gouvernement ne peut prendre aucune décision majeure sans consulter ou avoir l'accord de la France, y compris la formation d'une équipe gouvernementale. Conscient que l'indépendance accordée au Cameroun est factice et que sa souveraineté a été confisquée par la France, le mouvement nationaliste ne s'arrête pas malgré l'assassinat de Um, il s'amplifie même et déporte le centre de gravité de la lutte en pays bamiléké.
La France et le nouveau régime envoie alors des régiments entiers pour écraser les nationalistes. Des villages entiers sont rasés au napalm interdit par les conventions internationales, des centaines de milliers de personnes sont tués, des têtes sont coupées et exposées dans les marchés. Là encore, les nationalistes opposent une résistance à mains nues. Tous les appels de ces derniers et des personnalités neutres pour l'organisation d'une table ronde, sorte de conférence nationale pour apporter la paix et la réconciliation nationale, sont rejetés par Ahmadou Ahidjo, qui répond plutôt par l'instauration des lois sur la subversion en 1962 et d'un vaste Etat policier. C'est dans ce contexte qu'intervient l'arrestation et l'assassinat d'Ernest Ouandié en 1971.

Ce bref rappel historique, sans souci du détail, révèle qu'à un moment donné de l'histoire des peuples, lorsque surtout leur liberté est en jeu, les individus se divisent alors en deux camps. Ceux qui luttent pour recouvrir ladite liberté, qui défendent la justice au péril de leurs vies, et ceux qui choisissent la voie douillette de la collaboration avec l'ennemie, moyennant le confort, l'argent, le pouvoir et les biens matériels.
Au Cameroun, certaines personnes ont pris leur courage à deux mains pour barrer la voie à la colonisation française, en réclamant la liberté et la souveraineté pour leur pays. Ce faisant, ils ont fait le choix de l'insoumission, des privations, du sacrifice. Ils symbolisent donc le courage, le patriotisme, l'honneur, l'intégrité, toutes valeurs qui ont déserté notre pays depuis longtemps. En France, ces valeurs sont célébrées et proclamées à travers des hommes qui ont exactement joué le même rôle à un moment critique de l'histoire de ce pays : le Général De Gaule, Jean Moulin etc. au Vietnam, Ho Chi Minh et le Général Giap ; en Algérie, Ahmed Ben Bela, Boumedienne et des milliers de combattants du FLN ; en Afrique du Sud, Nelson Mandela, Oliver Tambo et les partisans de l'Anc. En face, d'autres camerounais ont fait le choix de la compromission et de la collaboration avec la France. Ils symbolisent la trahison, la corruption, la tricherie, le déshonneur.
Au Cameroun les nationalistes ont été voués aux gémonies. Jusqu'à une période récente sous le régime d'Ahmadou Ahidjo, il était interdit de prononcer le nom de Ruben Um Nyobè et ses compagnons. Aucune rue, aucune école, aucun monument ne porte leurs noms. Aucune stèle, aucun monument des martyrs n'a été construit pour rappeler leur combat héroïque. La tombe d'Um Nyobè gît dans la broussaille. Sa veuve croupit dans la misère. Les livres d'histoire enseignés dans les écoles primaires et secondaires du Cameroun, n'évoque leur combat que de manière superficielle

La figure d'Ahmadou Ahidjo peut elle être porteuse des valeurs du Cameroun de demain ?
Pour répondre à cette question, il faut d'abord rappeler qu'Ahmadou Ahidjo est une fabrication du colonialisme français, à en croire les témoignages des administrateurs coloniaux de l'époque (Ramadier, Messmer etc.).
En effet, c'est la France qui après l'échec d'une première tentative, permit à Ahidjo, grâce au bourrage des urnes, de devenir député du Nord. Il s'empressa d'ailleurs devenu Président de la République, de raser la maison de son adversaire politique. C'est toujours la France qui orchestra, après avoir lâché André Marie Mbida, le remplacement de ce dernier par Ahmadou Ahidjo, très ouvert aux intérêts français en février 1958.
Il faut aussi rappeler que, contre la promesse de devenir le premier Président de la République du Cameroun indépendant, Ahidjo n'hésita pas signer les accords secrets en décembre 1958 dont le but était de vider l'indépendance du Cameroun de son contenu. La souveraineté internationale était accordée au Cameroun, mais celui-ci n'avait aucune emprise sur son destin. Les conséquences de ces accords sur le développement du Cameroun se sont révélées désastreuses et nous en payons encore le prix aujourd'hui, 50 ans après l'indépendance.

Il faut aussi rappeler qu'Ahmadou Ahidjo s'était engagé à combattre le nationalisme camerounais et à l'anéantir. Il y a mis toute sa volonté, son savoir-faire et son acharnement avec l'appui de ses maîtres français. Le résultat fut élogieux : l'assassinat d'Um Nyobè, Felix Moumié, Ernest Ouandié, Ossende Afana. Des centaines de milliers de nationalistes tués. Un Etat policier et totalitaire sans précédent et presque unique en Afrique. Les prisons de Tcholliré, Yoko, Mantum. L'encerclement et l'incendie du marché Congo. Le train de la mort. La BMM. La torture au CENER. La balançoire. Des arrestations dans la nuit ou au petit matin sans retour. La peur. L'omniprésence de la police politique. La délation. Les emprisonnements sans jugement. Les exécutions sommaires. Les disparitions. L'exil etc.
La politique de liquidation du nationalisme camerounais a formaté et configuré la nature de l'Etat du Cameroun que nous vivons encore aujourd'hui, caractérisée essentiellement par la corruption, l'omniprésence et la priorité accordée aux structures de sécurité au détriment de celles du développement, la peur et le mépris du peuple, la surdité face ses besoins, la brutalité, l'absence de pitié, le mépris de la vie humaine.
Peut-on dès lors, au regard de tout cela, se servir de la figure d'Ahmadou Ahidjo pour construire un modèle pour la jeunesse camerounaise ? La réponse est évidente : Non, malgré les vingt cinq ans passés à la tête du Cameroun. Ahidjo, c'est l'équivalent du Maréchal Pétain en France et tous les Vichystes français. C'est l'équivalent des Harkis algériens.

S'il est donc nécessaire de rappeler au cours de ce cinquantenaire, la mémoire de la décolonisation au peuple camerounais, il faut aussi préciser que chaque acteur de cette mémoire doit mériter la place qui lui convient. J'entends déjà certains historiens officiels proposer qu'Ahmadou Ahidjo figure au panthéon à construire, à côté des héros nationaux tels qu'Um Nyobè. Faire cela, c'est créer un amalgame historique incommensurable, c'est perpétuer la manipulation et la falsification de l'histoire, c'est ne pas rendre service au Cameroun et surtout à sa jeunesse.
Le cinquantenaire doit être le point de départ pour écrire la véritable histoire du Cameroun, débarrassée de toute arrière pensée politique qui sera enseignée dans les écoles, les universités, et qui servira de base à la réconciliation nationale basée sur la vérité et non la manipulation de celle-ci. Il faudrait alors organiser des colloques d'historiens, recueillir les témoignages des quelques survivants, organiser des émissions, des reportages dans les médias, construire un monument des martyrs, organiser les obsèques nationaux de Ruben Um Nyobè et ses compagnons etc.

Certains doutent que le régime Biya, profondément néo colonial, héritier du régime d'Ahidjo, puisse prendre une telle initiative. Mais le Président Biya a déjà franchi une étape quoique symbolique, en reconnaissant le combat héroïque des nationalistes camerounais. Il devra pourtant aller plus loin jusqu'au bout s'il veut entrer dans l'histoire, comme le Président qui aura réconcilié le Cameroun avec lui-même en commençant par demander à la France de restituer au Cameroun les archives de la décolonisation comme l'a fait le Président Blaise Compaore du Burkina Faso.
Le sang des martyrs crie encore sur nos têtes, cinquante ans après l'indépendance. Il réclame vérité, justice et réparation. Le cinquantenaire doit être le point de départ d'un processus certainement long qui leur donnera toute leur place dans la société camerounaise de demain et qui permettra d'asseoir notre pays sur des valeurs qu'ils ont incarnées, radicalement différentes de ce qu'on a connu jusqu'ici. C'est la condition majeure qui va rendre possible la refondation politique et morale du Cameroun et qui donnera un sens à cette célébration. Si ce n'est pas cela, ce sera simplement une occasion de plus pour les beuveries habituelles et inutiles, le tintamarre, la dilapidation et le détournement des maigres ressources du pauvre peuple camerounais, auxquels nous sommes habitués depuis plusieurs décennies.

   Par DIKONGUE Justin *
* Inspecteur Principal des Régies
Financières Retraité

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